Le voile noir - Anny Duperey


Résumé




Un voile noir. Celui dont son père, photographe, recouvrait l'appareil pour les rassembler tous, à jamais, dans sa boîte. Celui qu'elle dut porter, si tôt, à l'enterrement de ses jeunes parents. Celui surtout qui s'abattit sur sa mémoire pendant d'interminables années... Jusqu'à ce jour où Anny Duperey ose enfin ouvrir ce tiroir de commode qui renferme les photos de son enfance, mutilée par l'accident domestique, si scandaleusement banal, qui tua ses parents. En feuilletant l'album familial, elle nous livre cette angoisse si longtemps retenue, mais aussi l'amour, la joie de palper ces êtres adorés, par les images qu'ils ont laissées et les mots qu'ils ont fait naître en elle. 




Avis lecture 




En janvier dernier, j'ai découvert la plume d'Anny Duperey en lisant « Le rêve de ma mère ». La peine, la douleur, l'amour étaient présents dans ce récit mais, de façon globale, c'est un livre que j'ai qualifié de lumineux et puissant. Ici, j'ai été saisie par la tristesse confiée au fur et à mesure que l'auteur s'est livrée sur ses maigres souvenirs ou plutôt sur ce fameux « voile noir ». Je ne savais pas que l'on donnait un nom pour qualifier cet « oubli », ce non souvenir lié à l'événement traumatique. En effet, Anny Duperey n'a que huit ans quand elle perd ses parents et, avec cette mort, c'est tout une partie de son enfance qui s'en est allée ; oubliées les premières années de sa vie ! Comme c'est douloureux de s'imaginer ça, de ne pas être capable de figurer ses parents, ne serait-ce qu'un petit souvenir, alors que ces derniers nous manquent cruellement dans la vie. Durant toute sa vie. Je dois dire que j'ai beaucoup de peine pour l'auteur qui confie ce récit dans les années 1990. Mais en même temps, je trouve magnifique que la femme consacre un livre à ses parents qui ne sont plus, c'est une telle preuve d'amour. Alors, même si les souvenirs ne sont plus, les photos du père sont bien là. Elles permettent d'essayer de se replonger dans ce passé qui ne lui appartient plus vraiment mais qui la relient toute de même à la famille. Elles rendent possible les comparaisons quant aux ressemblances avec ces disparus tout comme elles soulignent le vide laissé par leur disparition.
Pour dire un mot sur les photos, elles me plaisent bien : elles capturent vraiment les choses telles qu'elles sont. C'est ce que j'aime – c'est subjectif, bien sûr. Ce qui est « pris en photo », ce sont avant tout les paysages, en tout cas c'est l'impression que j'ai avec ce livre. Cela me parle, me plaît même : photographier des arbres, de belles branches, le soleil du matin et même, pour moi, la pluie contre une fenêtre, ça me plaît ! Je le fais de temps en temps avec mon téléphone (sacrilège je sais mais la qualité est pas mal). Enfin, pour terminer sur le paragraphe « photo » : à la page 95, c'est une flaque d'eau sur le sol bétonné qui est capturée à moins que dans cette eau on y voit quelque chose... moi, j'y vois un corps d'ange – des petites ailes et un petit buste. Suis-je la seule ? Est-ce un signe ? Énigme.
Ce livre est donc sur l'amour pour ceux qui manquent, pour ceux dont on aimerait se souvenir mais aussi un livre criant sur le deuil, sur la difficulté d'y parvenir ; c'est d'une beauté qui secoue !

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