Les Derniers - Sophie Nahum

Résumé

Ils ne sont plus nombreux à pouvoir témoigner des camps de concentration. À peine une centaine d’hommes et de femmes, qui se sont longtemps tus face à une France d’après-guerre peu encline à les écouter. Rescapés grâce à une succession de hasards avant tout, ils ont su se reconstruire avec un courage remarquable. Sophie Nahum est allée à la rencontre des « Derniers », ces résilients hors du commun, dont Ginette Kolinka et Élie Buzyn, pour une série de documentaires courts, de laquelle résulte ce livre choral. Leurs témoignages croisés se font écho tout en laissant apparaître la singularité de chaque destin. Ainsi, les derniers survivants de la Shoah nous offrent – 75 ans après la libération d’Auschwitz – un regard poignant sur leur vécu. 

Avis lecture

Il y a quelques semaines, j'ai eu la chance de remporter ce livre lors d'un concours organisé par l'auteur. Avant de vous dire quelques mots sur cet ensemble, ce recueil de témoignages tous aussi bouleversants les uns que les autres, je trouve intéressant de vous partager les mots que l'auteur m'a écrit en dédicace parce qu'ils sont justes et disent tout : « pour ne jamais oublier, pour le présent et l'avenir... ». Le début est évident : savoir, apprendre et connaître les faits pour y penser, pour avoir des connaissances, pour ne pas être stupide, pour garder en mémoire. La fin est peut-être moins évidente, en tout cas, il peut être plus complexe – pour certains – de faire le lien entre cette époque de l'Histoire et notre avenir. Or, connaître l'Histoire permet, normalement, d'éviter que les pires « choses » se répètent. 

Tout d'abord, ces témoignages sont écrits, transmis par l'auteur comme il faut. L'auteur leur accorde la parole, la possibilité de dire et de se dire ; elle se met en retrait et porte la lumière sur toutes ces personnes. C'est une lecture nécessaire, difficile. Plus d'une fois, je me suis interrogée : avec ce livre, non pas sur comment vit-on cela mais plutôt comment fait-on pour vivre après ça ? Seul(s) alors que tous ou presque autour de soi ne sont plus ? Toutes ces victimes, tous ces survivants sont-ils plus forts que nous, que notre génération ? – je suis née dans les 1990's – j'avoue que c'est cette première question qui m'a obsédée pendant cette lecture. Que ferions-nous à dix-sept, vingt ans, livré à nous-même, sans argent, sans logement, sans repères ? Eux, sont forts, très forts même car tous ont fait quelque chose de leur vie, ont continué, avancé, même si rien ne fut simple, la plupart a (re)construit une famille, fait des études, travaillé et a laissé la vie l'emporter. Quelle leçon de vie !

Parmi l'ensemble des récits, c'est celui de Esther Senot qui m'a littéralement retournée si je puis dire – les autres aussi, bien sûr – mais cette femme a quelque chose de bouleversant, de fragile, de triste dans le regard qui m'a émue, vraiment. Je pourrais évoquer d'autres histoires, d'autres personnes mais je vous laisse les découvrir avec ce livre ou sur le site de l'auteur par le biais de vidéos, de reportages. D'ailleurs, ce livre se présente comme un entre-deux, il me semble, entre le roman et le reportage ; c'est une très belle réussite !